On pourrait croire que les dirigeants n’ont plus besoin de se former. Après tout, ils ont « réussi », ils occupent une position de pouvoir, ils connaissent leur secteur. Mais la vérité est toute autre. Ce qui revient en permanence dans mes échanges avec eux, c’est cette impression de ne plus avoir les bons repères pour piloter dans un monde qui a changé de nature. Des décisions qui hier semblaient rationnelles se révèlent soudain obsolètes. Des organisations solides s’effritent au premier choc. Des stratégies conçues sur trois ans deviennent caduques en trois mois.

Alors oui, les dirigeants cherchent à se former. Pas pour accumuler des outils en plus. Mais pour trouver un nouvel équilibre intérieur, une capacité à lire la complexité et à agir sans se laisser engloutir. Les attentes ne portent plus sur des « recettes » toutes faites. Elles concernent des postures, des cadres de pensée, des façons de travailler le collectif et de relier vision et action.

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Pourquoi la formation est redevenue vitale pour les dirigeants

Ce n’est pas un hasard si la demande explose. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon une enquête de Bpifrance Le Lab, plus de 70 % des dirigeants interrogés déclarent manquer de temps et de ressources pour prendre du recul et anticiper les mutations de leur secteur . Cette fatigue stratégique est réelle. Elle nourrit une peur diffuse : celle de mal décider, de rater le virage, d’entraîner tout un collectif dans une mauvaise direction.

La formation devient alors une zone de respiration. Un espace pour comprendre les transformations en cours, tester de nouveaux cadres de lecture, se confronter à d’autres dirigeants. Bref, un moment où l’on reprend la main sur sa lucidité. Parce que dans un monde saturé de signaux contradictoires, la première compétence à développer n’est pas technique : c’est la capacité à rester clairvoyant.


Le leadership dans la complexité : apprendre à piloter sans tout contrôler

La première attente exprimée est claire : comment exercer un leadership dans un univers où personne ne contrôle plus rien de bout en bout ?

On ne parle plus ici de techniques de management classiques. On parle d’apprendre à naviguer dans un écosystème vivant, où les décisions d’un acteur à l’autre bout du monde peuvent déstabiliser tout un secteur. Les dirigeants recherchent donc des formations qui leur permettent de développer une pensée systémique : comprendre les interdépendances, voir les boucles de rétroaction, détecter les signaux faibles.

La Harvard Business Review rappelait récemment que « la complexité ne se réduit pas, elle s’apprivoise » . C’est exactement ce que veulent les dirigeants : apprivoiser, pas simplifier. Sortir du réflexe du « plus de process, plus de reporting » pour retrouver la capacité à orchestrer sans asphyxier.

Ces formations sur le leadership complexe visent aussi une transformation plus intime : accepter que l’incertitude n’est pas une menace, mais un cadre naturel. C’est peut-être le basculement le plus difficile. Car beaucoup ont été formés à maîtriser, prévoir, contrôler. Aujourd’hui, ils cherchent à apprendre à tenir debout dans le brouillard, à inspirer leurs équipes même quand le chemin est flou.


Conduire les transformations sans casser l’énergie collective

La deuxième attente est liée aux transformations internes. Toutes les organisations en vivent : fusion, réorganisation, transition digitale, nouvelles réglementations, crise énergétique. Et toutes se heurtent à la même difficulté : embarquer les équipes.

Les dirigeants le savent : la plupart des transformations échouent non pas faute de stratégie, mais faute de mobilisation. C’est ce que montrent des études comme celle de McKinsey, qui estime que 70 % des transformations n’atteignent pas leurs objectifs pour des raisons humaines et culturelles .

Les formations attendues ici ne sont pas des modules théoriques sur « la conduite du changement ». Ce que les dirigeants veulent, ce sont des parcours qui leur permettent d’apprendre à :

  • cartographier les acteurs et comprendre leurs logiques ;
  • installer des espaces de dialogue où les résistances peuvent s’exprimer sans bloquer ;
  • bâtir une coalition autour d’une intention claire ;
  • maintenir le cap dans la durée malgré les reculs et les tensions.

Un dirigeant me disait récemment : « Ce qui m’épuise, ce n’est pas la transformation en elle-même, c’est d’avoir à rallumer sans cesse la flamme d’équipes qui se découragent. » Voilà pourquoi les formations en conduite du changement prennent aujourd’hui une couleur différente : elles parlent moins de process, plus d’énergie collective et de sécurité psychologique.


L’agilité managériale : sortir du réflexe « planifier, contrôler »

Un autre thème monte en puissance : l’agilité managériale. Pas l’agilité réduite à un jargon informatique, mais une agilité comme posture de leadership.

Les dirigeants comprennent que les plans stratégiques rigides ne tiennent plus face aux disruptions. Ils cherchent donc à apprendre à :

  • arbitrer vite sans tout savoir ;
  • créer des boucles d’apprentissage courtes ;
  • encourager l’expérimentation et accepter l’erreur comme apprentissage ;
  • donner aux équipes des marges de manœuvre réelles pour s’adapter.

Ce qui attire particulièrement, ce sont les formations qui permettent de tester ces postures en situation. Simulations, ateliers collaboratifs, jeux sérieux : tout ce qui aide à expérimenter la posture de facilitateur plutôt que celle de contrôleur.

Une enquête menée par l’Observatoire de l’Agilité (2024) montrait que 63 % des dirigeants interrogés estimaient que « le manque d’agilité managériale est aujourd’hui l’un des principaux freins à la compétitivité » . L’agilité n’est plus une option. C’est une compétence de survie.


Le choc technologique : IA et transformation digitale

Impossible de passer à côté. L’intelligence artificielle est sur toutes les lèvres. Les dirigeants veulent comprendre, mais surtout savoir quoi en faire. Pas question de déléguer uniquement aux experts techniques : ils sentent bien que c’est leur responsabilité stratégique.

Les attentes sont doubles :

  1. Décoder l’IA : comprendre ses mécanismes, ses limites, ses biais.
  2. L’intégrer dans la stratégie : repenser modèles économiques, gouvernance des données, création de valeur.

Ce qui frappe, c’est que la demande de formation est moins technique que politique. Les dirigeants ne veulent pas devenir des data scientists, ils veulent comprendre comment orienter leur entreprise dans un monde où l’IA redessine les règles du jeu.

La même attente se retrouve sur la transformation digitale au sens large. Les dirigeants savent qu’ils doivent piloter des projets transverses qui impactent culture, organisation, relation client, process internes. Mais beaucoup reconnaissent manquer de vision globale. D’où la demande de formations qui leur permettent d’articuler le digital avec leur stratégie et de ne pas se perdre dans des catalogues d’outils.


RSE et transition durable : de la conformité à l’opportunité stratégique

Autre sujet incontournable : la responsabilité sociétale et environnementale. Longtemps vue comme une contrainte réglementaire ou une question d’image, elle est désormais au cœur de la stratégie. Les parties prenantes, investisseurs et talents la réclament.

Les dirigeants attendent des formations qui leur permettent de passer de la conformité à la création de valeur. Comprendre les cadres réglementaires, oui. Mais surtout : apprendre à transformer ces contraintes en opportunités d’innovation, en leviers de différenciation, en sources de sens pour les équipes.

Une étude de Deloitte (2023) montrait que 79 % des dirigeants considèrent la durabilité comme une priorité stratégique, mais seuls 35 % estiment avoir les compétences nécessaires pour la piloter efficacement . Le décalage est massif.

Ces formations sur la transition durable ne se limitent pas à la RSE. Elles explorent la notion de modèle régénératif, de chaîne de valeur durable, et posent une question clé : comment aligner rentabilité, impact environnemental et attentes sociales.


Gestion de crise et résilience : anticiper l’imprévu

Les crises ne sont plus des accidents. Elles sont devenues la trame de fond. Sanitaires, climatiques, énergétiques, géopolitiques : les dirigeants savent que l’imprévu est la règle, pas l’exception.

D’où une forte demande de formations en gestion de crise et en résilience organisationnelle. Objectif : développer des réflexes, des méthodes de coordination, des capacités d’anticipation. Mais aussi travailler la posture personnelle : comment rester lucide quand tout vacille, comment décider vite sans tomber dans la panique, comment mobiliser ses équipes quand la peur domine.

Là encore, on voit émerger des formats expérientiels : simulations de crise, jeux de rôle, mises en situation sous pression. Parce qu’on n’apprend pas à gérer une crise par des slides, mais en vivant l’expérience dans un cadre protégé.


Les tendances qui redessinent la formation des dirigeants

Au-delà des thématiques, les attentes portent aussi sur les formats :

  • Flexibilité : les dirigeants veulent des formats adaptés à leur agenda, d’où le boom du blended learning et du microlearning .
  • Pensée systémique : elle devient un socle incontournable. Plus personne ne nie la nécessité d’apprendre à penser en termes d’interdépendances .
  • Formation par les pairs : clubs de dirigeants, mentoring, échanges d’expériences réels. L’apprentissage horizontal est plébiscité.
  • Expérientiel : ce n’est pas de la théorie qui est recherchée, mais des mises en pratique, des expérimentations, des feedbacks concrets.

En résumé : un basculement profond des attentes

Ce qui frappe dans toutes ces demandes, c’est qu’elles traduisent un changement de paradigme. Les dirigeants ne cherchent plus des recettes toutes faites, mais des espaces de transformation personnelle et collective.

Ils veulent :

  • un leadership lucide face à la complexité ;
  • une capacité à mobiliser dans le changement ;
  • une posture agile et facilitatrice ;
  • une vision claire de l’impact du digital et de l’IA ;
  • une stratégie crédible de durabilité ;
  • une organisation capable d’encaisser les crises et de rebondir.

En un mot, ils veulent redevenir des repères stables dans un monde instable.

La question n’est donc pas : quelle formation choisir ? La question est : êtes-vous prêt à transformer votre manière de voir, de décider et d’agir pour rester pertinent face à la complexité ?

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